Un Moment de Pureté

Qu’il s’agisse de ses ambitions de carrière ou de
diamants naturels, Sarah Shahi préfère viser grand. 

Photos: Milan Zrnic
Auteur: Marshall Heyman

When it comes to her career ambitions and natural diamonds, Sarah Shahi is going big or going home.

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Il est dommage pour Sarah Shahi qu’elle vive le moment le plus important de sa carrière pendant la grève des acteurs d’Hollywood. Une période pendant laquelle elle ne peut promouvoir les films et séries télévisées dans lesquelles elle a joué. 

Lorsque Sarah a obtenu le rôle principal de la série Netflix Sex/Life, elle sortait de deux ans de chômage. Dans cette série, basée sur le roman 4 Hommes en 44 Chapitres de BB Easton, elle incarne Billie Connelly, une banlieusarde mère de deux enfants qui souffre d’une crise de la quarantaine et commence à convoiter un ex-petit ami malgré son mariage prétendument parfait.

La série imite à la perfection sa vie réelle, ce qui a pu jouer en sa faveur pour incarner Billie. Pendant le tournage de Sex/Life, Sarah, mère de trois enfants, s’est séparée de son mari et a fini par sortir avec celui qui lui donnait la réplique, l’acteur australien Adam Demos.

Aujourd’hui, Sarah joue dans le film Amazon Red, White & Royal Blue basé sur le roman à succès de Casey McQuinston, qui raconte ce qui se passe lorsqu’Alex Claremont-Diaz (Taylor Zakhar Perez), le fils de la présidente américaine Ellen Claremont (Uma Thurman), tombe amoureux du fringant prince Henry d’Angleterre (Nicholas Galitzine).

Sarah joue le rôle de Zahra Bankston, bras droit de la présidente et cheffe de cabinet adjointe. Elle doit surveiller les liaisons d’Alex Claremont-Diaz avec l’une des plus grandes personnalités britanniques pour s’assurer qu’elles n’entachent pas la campagne de réélection de sa mère.

Sarah brille dans toutes les scènes dans lesquelles elle joue. Cela devrait vous donner une idée de l’importance de Shahi dans le succès du film. Lors de la projection à laquelle j’ai assisté, la personne assise à côté de moi s’est pâmée à chacune de ses scènes. 

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Mais Sarah ne peut pas parler de Red, White & Royal Blue, Sex/Life, ni de l’impact de ces projets sur sa vie. Quand nous la rencontrons, elle est assise devant son piano dans son salon à Los Angeles, portant une casquette de base-ball et un T-shirt Nirvana. Elle prévoit de prendre des leçons de piano avec ses trois enfants. 

La maison de Sarah est toujours pleine : trois enfants – William Wolf qui a 14 ans, les jumeaux Knox Blue et Violet Moon ont 8 ans – et trois chiens : Star, l’aîné, et les chiots Hershey et Cranberry qu’elle a offert à ses enfants à Noël dernier. « C’est le Noël où je suis devenue momentanément folle, » se souvient Sarah. « J’adoptais plein de chiens. Mais les sourires sur leur visage en valaient la peine. »

D’après ce que l’on peut entendre, c’est une famille très soudée. Violet partage déjà l’amour de sa mère pour les bijoux. « Oh mon Dieu, elle a déjà réclamé tant de choses, » dit Sarah. « Elle porte déjà certaines de mes pièces. J’ai une grande collection de bijoux. »

Il y a également de nombreuses pièces que ses enfants lui ont offert. « Ce sont mes préférées, » explique-t-elle. Sarah lève le poignet et montre un bracelet fait de fils. « C’est ma fille qui me l’a fait, » dit-elle avec enthousiasme. Il y a aussi la manchette en argent que ses enfants lui ont offert de chez Target. Elle l’a portée « à chaque conférence de presse jusqu’à ce qu’elle tombe en morceaux. »

Les bracelets faits main et les manchettes à 20 dollars ne représentent pas à sa juste valeur le sex-appeal qui se dégage de la séance photo qui accompagne cet article, mais le franc-parler de Sarah a fait sa réputation. Elle a d’ailleurs passé une grande partie de la grève à travailler sur ses mémoires, actuellement intitulées Life is Lifey.

“POUR FAIRE SENSATION, JE PRENDRAIS LES PLUS GROS DIAMANTS POSSIBLE.

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C’est une expression que Sarah utilise régulièrement dans ses conversations depuis des années. « J’ai été mariée, divorcée et mère célibataire de trois enfants, » explique-t-elle. « Les gens me demandaient comment j’allais. Parfois, je ne pouvais pas mentir et dire que tout allait bien. Alors, je disais “life is lifey” (la vie est pleine de vie) et je m’en tenais là. »

Sarah explique que le livre, qu’elle espère voir publié l’année prochaine, a été un projet difficile. Elle a dû mettre le sport et d’autres activités de côté. « Je passe de mon bureau à la cuisine aussi vite que possible, » plaisante-t-elle.

C’est ce genre de réflexion et d’humour que l’on imagine Sarah insuffler dans ses écrits. « Le livre raconte comment mon âme a traversé des moments très sombres. Il y a aussi l’idée de se contenter de ce qu’on a déjà – pourquoi en vouloir toujours plus ? »

Sarah explique que le livre portera également sur la façon dont elle a véritablement trouvé sa voix au cours de ces dernières années. « J’ai appris très jeune à réprimer mes sentiments, » dit-elle. « J’apprends à me détacher du regard des autres. Avant je n’étais pas à l’aise si les autres autour de moi ne l’étaient pas. Je suis restée dans des relations plus longtemps que je n’aurais dû, tant sur le plan personnel que professionnel. »

Tout d’abord, son enfance a été compliquée. « À huit ans, j’ai dû annoncer à ma mère que mon père voulait divorcer, » se souvient Sarah. « Mes parents ont divorcé le jour de mon dixième anniversaire. »

Je lui demande alors comment cela a pu se produire. « Je ne sais pas, vous devriez leur demander, » répond Sarah. 

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« Mon enfance n’a pas été idyllique, » poursuit Sarah. Outre le fait qu’elle était l’une des seules personnes originaires du Moyen-Orient à Euless, au Texas, son père était toxicomane. Elle et sa mère ont passé du temps dans un foyer pour femmes. Son père ne soutenait pas les rêves de sa fille. « Sa vision de la vie était la suivante : “Tu ne vas pas y arriver, alors pourquoi le faire ?” »

Heureusement, sa mère était plus encourageante. « Elle croyait à l’acceptation de soi et de sa féminité, » explique Sarah. « Le bon, le mauvais, le sensuel, le moins sensuel. En bref, elle croyait en moi. » 

Elle a notamment inscrit sa fille à des concours de beauté. Lorsque Sarah est entrée à la Southern Methodist University, elle voulait devenir actrice, mais elle savait que ce ne serait pas facile. En fait, patiner sur la lune lui semblait plus réalisable. Mais Sarah se souvient du déclic qu’elle a eu quand elle a vu les pom-pom girl des Dallas Cowboy Cheerleaders sur le plateau de l’émission Saturday Night Live. C’est ainsi qu’elle voulait commencer une carrière à la télévision. 

Il y avait cependant un problème : « Je n’avais jamais été pom-pom girl ». « Mais j’avais toujours secrètement envié les pom-pom girls qui attiraient les garçons populaires. J’ai été surprise d’y arriver. Aujourd’hui encore, ce fut l’une des auditions les plus dures que je n’ai jamais connues. En comparaison, Hollywood est un jeu d’enfant. Nous avions des répétitions six heures par jour, du lundi au vendredi, puis je rentrais à l’internat et je faisais mes devoirs. » 

Pendant qu’elle faisait partie de l’équipe, les pom-pom girls ont tourné des scènes en tant que figurantes dans Docteur T & les Femmes de Robert Altman. (Dans ce film, Kate Hudson joue le rôle d’une étudiante).

« Je n’avais aucune idée de qui était Robert Altman. J’avais 19 ans à l’époque, » déclare Sarah à propos du légendaire cinéaste à l’origine de classiques tels que John McCabe, The Player et Nashville. « À l’époque je ne regardais que les films avec Julia Roberts ou Richard Gere. »

Sarah se souvient de ses discussions avec Altman sur le tournage. « J’essayais d’être gentille et amicale, » dit-elle. Je voulais que tout le monde se sente à l’aise, alors je me suis présentée et j’ai dit « Bienvenue au ranch. »

S’en est suivi deux semaines de conversations. « Nous avons parlé de tout autre chose que du film. Nous avons discuté de l’école, de nos jeunesses et de ma génération, » se souvient Sarah. « Il m’a demandé ce que je voulais faire. J’ai répondu que je voulais être actrice. Il m’a répondu : “Je pense que tu as tout ce qu’il faut et que tu devrais partir à Los Angeles.” »

« Je crois aujourd’hui, qu’il a été le déclencheur de ma carrière d’actrice, » déclare Sarah. 

Presque immédiatement Sarah quitte son université et les Dallas Cowboys, embarque dans sa camionnette et déménage à Los Angeles avec le numéro de téléphone du bureau d’Altman et son téléphone portable à la main. 

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« J’étais si jeune et inexpérimentée, mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Je n’avais aucun plan B, » déclare Sarah. « À chaque audition on me demandait : “Depuis quand faites-vous du théâtre ?” et je répondais : “Depuis mardi dernier.” Je disais : “Avez-vous entendu parler de Robert Altman ? Je racontais l’histoire et ils me regardaient comme si je venais d’une autre planète.”

« Petit à petit, j’ai commencé à me forger une culture cinématographique (sur Altman et le show-business) et quand Altman m’a enfin téléphoné, j’ai été trop intimidée pour lui répondre, » se souvient Sarah. 

Tout cela a débouché sur une carrière de plus de vingt ans avec des rôles dans Alias, The L Word, Facing Kate, Person of Interest, City on a Hill et, l’année dernière, dans le film de super-héros DC Black Adam, aux côtés de The Rock.

Aujourd’hui mère de trois enfants, Sarah n’arrive pas à croire que sa mère l’ait laissée se jeter dans la gueule du loup à 19 ans. Mais Sarah a toujours été imprévisible et débrouillarde. Par exemple, elle a accouché de ses trois enfants à la maison.

« Il faut être bien accroché. »  Lorsque ses jumeaux sont nés, son fils avait presque six ans. « Il était en quelque sorte mon coach pour l’accouchement. Je lui ai montré des vidéos d’animaux en train de naître et je lui ai expliqué comment cela se passerait, pour qu’il ne soit pas effrayé par mes gémissements. C’était une belle expérience. Je ne sais pas combien de frères peuvent dire qu’ils ont assisté à la naissance de leur sœur. »

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Sarah est excentrique et on le retrouve également dans son style de vêtements et de bijoux. « Ils sont très variés, » dit-elle. « Je suis une personne très changeante en ce qui concerne mes bijoux ; ce que je porte dépend beaucoup de mon humeur. Il peut s’agir de bagues gigantesques David Yurman, de boucles d’oreilles en diamant qui tombent presque sur mes épaules ou d’un collier beaucoup plus fin en turquoise que j’avais acheté dans une station-service au Nouveau-Mexique. Tous ces bijoux me permettent d’exprimer les nombreuses facettes de ma personnalité. 

Ses créateurs de diamants préférés sont Jacqui Aiche, David Yurman et Bulgari. « J’aime les petites choses faciles à porter. Je ne porte pas des diamants tous les jours, mais j’aime beaucoup les bracelets tennis en diamants ou les colliers très fins. J’aime aussi être au naturel et ne rien porter de glamour, » explique Sarah. « Mais si je veux faire sensation, je prendrais les plus gros diamants possible. »

Porter autant de pierres précieuses pour cette séance photo était « assez spéculaire, » déclare Sarah. « C’était vraiment génial et si spécial ! Ces diamants jaunes doivent couter des dizaines de millions de dollars. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Je n’arrive pas à croire qu’Elizabeth Taylor recevait tout le temps des diamants en guise de cadeau. »

Être « expressive et artistique » est le mantra de Sarah aujourd’hui. « La beauté et la confiance en soi viennent de l’intérieur, » dit-elle. « Si vous vous sentez bien, c’est tout ce qui compte. »

Elle continue cependant à travailler sur sa confiance en soi car c’est le chemin d’une vie. « J’ai définitivement appris que nous n’avons jamais fini de grandir, » dit Sarah en souriant. « Je ne peux qu’aspirer à être plus sage que je ne l’étais l’année précédente. »


Photographe : Milan Zrnic
Styliste : Molly Dickson
Directrice Artistique : Lizzy Oppenheimer
Coiffure : Sylvia Wheeler
Maquillage : Karo Kangas
Manucure : Natalie Minerva
Régisseur : Glynis Costin
Chargé de Production Créative : Petty Cash Production
Assistants Photo : Derec Patrick, Kurt Lavastida
Technicien : Dom Ellis
Assistants de Mode : Clarke Johnson, Jordan Gross