Comment Diamonds de Canada a réinventé la taille des diamants

Benjamin King de l’entreprise Diamonds de Canada nous raconte l’histoire et l’origine des diamants naturels.

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Un employé de Diamonds de Canada devant la roue de polissage des diamants et un diamant brut provenant du Canada.
Un employé de Diamonds de Canada devant la roue de polissage des diamants et un diamant brut provenant du Canada.

Quand les diamants ont été découverts, il y a presque 4000 ans, les humains n’avaient pas encore fait face à un objet si résistant. Les diamants naturels sont bien la substance naturelle la plus dure sur terre. Il a fallu des centaines d’années aux hommes pour développer des techniques de taille de diamant. Les premiers bijoux en diamants étaient des bijoux avec des diamants bruts. Ce n’est que depuis le 20ème siècle que nous pouvons tailler les diamants dans les formes que nous connaissons aujourd’hui. 

La taille des diamants ne peut être réalisée que par des artisans qualifiés dont le savoir est généralement transmis de génération en génération dans les régions du monde qui se sont spécialisées dans ce processus. En dehors de ces endroits, le manque d’experts rend rarement possible la création d’une installation de taille de diamants, et encore moins dans les régions les plus reculées du monde là où les diamants sont découverts. Benjamin King de Diamonds de Canada s’est donc attelé à résoudre ce problème.

Benjamin King diamonds de canada diamond cutting facility
Benjamin King à son bureau, à Yellowknife.

Benjamin King a toujours été fasciné par les diamants naturels. Il est particulièrement intéressé par la région de provenance des diamants, ces lieux reculés qui rendent les diamants encore plus uniques. Une fois que les diamants sont taillés, l’histoire de leur provenance et de leur région d’origine est souvent oubliée, Benjamin King a voulu y remédier. 

En 2019, alors que King travaille avec un tailleur de diamant très réputé, une entreprise appelée Synova présente au marché une nouvelle machine révolutionnaire : la Da Vinci. Cette machine était la première de son genre à proposer un processus de taille de diamants presque automatisé. Afin de simplifier des années d’apprentissage ou de transmission. Benjamin King a donc directement voulu ouvrir des installations de taille de diamants dans des zones plus reculées, précisément là où les diamants sont trouvés. Si le tailleur pouvait obtenir des diamants directement de la mine, les tailler dans la même région et les vendre directement après la taille, il serait plus facile de connaître le processus et de raconter cette incroyable histoire comme elle le mérite. La grande difficulté de la taille des diamants a conduit à l’échec des tentatives d’installations d’ateliers de taille dans des régions comme les Territoires du Nord-Ouest du Canada, l’une des plus grandes zones de récupération de diamants au monde.

Yellowknife Northwest Territories Canada
Le village de Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest, Canada.

Benjamin King a donc pris l’initiative de rencontrer les représentants du gouvernement des territoires du Nord-Ouest pour leur faire part de ces espoirs d’installer des ateliers de taille de diamants dans la région. À l’époque, Benjamin King n’avait pas l’idée d’ouvrir lui-même une installation, mais de présenter la technologie qui, selon lui, pouvait aider la région. Les représentants du gouvernement ont tellement aimé l’idée qu’ils ont demandé à Benjamin King d’ouvrir lui-même une installation et de faire une demande pour un programme appelé « Approved Northwest Territory Diamond Manufacturer Designation ». Ce programme permettrait à une installation de taille de diamants d’avoir accès à des diamants bruts provenant de la source, à condition qu’ils soient taillés dans la région. Avec l’appui des responsables gouvernementaux et sa passion pour l’histoire des diamants, Benjamin King a décidé de se lancer dans l’aventure.

Un diamant brut vu par l’écran de la machine Da Vinci.

La machine Da Vinci, sans qui l’idée n’aurait pas pu prendre forme, est une machine d’une puissance technologique incroyable mais aussi d’une grande complexité. Benjamin King a travaillé deux ans avec des programmateurs, des ingénieurs et des mathématiciens pour mettre au point un processus qui permettrait à la Da Vinci de communiquer et de travailler avec d’autres équipements nécessaires à la taille de diamants. Le diamant brut peut être analysé, radiographié et taillé avec un minimum d’intervention humaine, ne laissant que le polissage final à la charge de l’homme. Benjamin King a officiellement ouvert l’installation de taille de diamants naturels de Diamonds de Canada à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, en 2021. À l’automne 2021, l’installation montrait déjà des signes de grand succès.

Un diamant coupé au laser par la machine Da Vinci.
Un employé de Diamonds de Canada polissant un diamant à la main sur la roue de polissage.

Étant donné que l’installation de Diamonds de Canada ne dépend pas des experts en taille de diamants, Benjamin King peut embaucher des résidents locaux, et en particulier des résidents autochtones des Territoires du Nord-Ouest. Le directeur des opérations de l’installation de Diamonds de Canada est Derrick Sangris, membre de la Première Nation Dene, un peuple autochtone de la région depuis plus de 30 000 ans. Le fils de Derrick s’est récemment joint à l’entreprise et apprend au côté de son père. King a permis à la région de garder dans son territoire le processus de taille de diamants ce qui rapporte plus d’argent à la population locale. L’extraction, la taille des diamants se faisant sur le plan local, cela permet un niveau d’emploi permanent. Le pourcentage le plus important de bénéfices possibles reste dans la région où les diamants sont trouvés.

diamonds de canada diamond cutting facility
Derrick Sangris s’occupant de la machine Da Vinci.

Le gouvernement des territoires du Nord-Ouest a été tellement enthousiasmé par l’idée de Benjamin King qu’il lui a demandé de poser sa candidature pour tailler les célèbres diamants Polar Bear. Le diamant Polar Bear est une marque appartenant aux Territoires du Nord-Ouest qui garantit l’origine d’un diamant dans la région. Chaque diamant est gravé au laser du logo Polar Bear et d’un numéro d’identification unique. Benjamin King a décidé que Diamonds de Canada ne taillerait que 16 000 diamants, ce qui correspond au nombre d’ours polaires restant au Canada. Chacun de ces 16 000 diamants aurait une taille minimale de 1,50 carat et serait sélectionné à la main. Une fois les 16 000 diamants vendus, aucun autre ne serait taillé. Avec l’accord des Territoires du Nord-Ouest, ces diamants Polar Bear extrêmement spéciaux ont commencé à être taillés et ce pour la première fois depuis près de vingt ans.

Un zoom sur l’inscription Polar Bear sur un diamant.

Au-delà du diamant Polar Bear, chaque diamant taillé par Diamonds de Canada est entièrement traçable jusqu’à la mine de diamant exacte où il a été découvert. Étant donné que chaque diamant naturel est unique, son motif interne est scanné et reçoit un code, puis il est placé dans un registre blockchain incorruptible, ce qui permet de créer un NFT unique du diamant. Pour résumer en simplifiant : cela garantit que le diamant et tous ses détails sont toujours traçables, avec une preuve d’authenticité.

Un diamant naturel brut du Canada.
Un diamant naturel fini de taille coussin taillé par Diamonds de Canada.

La façon de faire unique de Diamonds de Canada pourrait servir pour créer un modèle de taille de diamants viable et plus durable dans d’autres régions où les diamants sont découverts. Chaque diamant naturel a une histoire remarquable. Grâce au processus de Diamonds de Canada, aucun élément de cette histoire n’est perdu, même si le diamant est transmis de génération en génération.