Le Collier de Marie-Antoinette : le joyau de « Lupin » 

La guest-star qui attire tous les regards de la nouvelle série française de Netflix ? Le collier perdu de la Reine Marie Antoinette ! Un trésor national mythique, qui n’a jamais fini de faire parler de lui.

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Avec l’aimable autorisation de Netflix

Il est là, étincelant de tous ses carats, derrière une vitrine en plexiglass blindé, trônant dans la galerie centrale du musée du Louvre. Comme nous, Assane Diop (Omar Sy), fan d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur français le plus célèbre au monde, n’a d’yeux que pour lui : le collier de la Reine Marie-Antoinette. Il va être vendu aux enchères, pour 20 millions d’euros, et Assane va bien sûr déployer tous ses stratagèmes pour le dérober. Pour savoir comment, il faut regarder le premier épisode de Lupin, la série française en tête du top 10 sur Netflix, qui aura atteint les 70 millions de vues d’ici le 5 février. Un record ! L’occasion de revenir, grâce à cet hommage à la nouvelle de Maurice Leblanc, Le Collier de la reine, sur les origines de ce chef-d’œuvre de bijou, nimbé de mystère, aux origines sulfureuses et objet d’un scandale historique pour la royauté française…  

Commande de Louis XV aux joailliers parisiens Charles-Auguste Boehmer et Paul Bassenge pour sa maîtresse, Madame du Barry, le « Grand collier en brillants » (son appellation d’origine) se composait, contrairement à celui de Lupin, qui y associe des rangs de perles, de 647 diamants, soit 2840 carats ! Hélas, le roi décède avant qu’il ne soit achevé et les deux joailliers se sont déjà endettés pour acquérir les joyaux.  Impossible de le revendre : il vaut alors, selon l’historienne Evelyne Lever, 1, 6 millions de Livres Françaises, l’équivalent de 4 châteaux en Ile-de-France ! 

Une gouaché du Grand collier en brillants de Boëhmer et Bassenge, entièrement fait de diamants. Source : Bibliothèque nationale de France.

Une vraie parure de reine

Et c’est ainsi qu’en 1782, les joailliers songent à la proposer à Marie-Antoinette, jeune épouse de Louis XVI, qui la refuse, jugeant son prix « pour lequel on pourrait acheter un bateau », dira-t-elle, déraisonnable, même pour son mari. Le somptueux collier sera pourtant attaché à jamais à son nom et au scandale qu’il déclencha. Une intrigante, la Comtesse de la Motte, s’arrangea pour convaincre le cardinal Rohan, qui souhaitait regagner les faveurs de la reine suite à une disgrâce, que celle-ci souhaitait finalement acheter le collier. Il négocia donc un paiement échelonné sur deux ans auprès de  Charles-Auguste Boehmer et de Paul Bassenge, qui, ravis, lui remirent le collier le 1er février 1785. Ce fut la dernière fois qu’il fut vu en France : à la seconde où le cardinal le confia à Madame de La Motte, celle-ci et ses complices firent disparaître ce chef-d’œuvre de joaillerie  à l’étranger. Un inestimable trésor, à jamais perdu pour la France : une fois démonté, ses précieux diamants furent vendus à Londres  quasi-immédiatement. Même l’escroquerie dévoilée et les voleurs arrêtés et condamnés, les opposants à la monarchie continuèrent d’accuser Marie-Antoinette d’avoir pris part à la duperie. Et voilà comment un collier jamais réellement porté par la dernière reine de l’Ancien Régime lui fut attribué pour l’éternité ! D’aucun y virent même, comme le comte de Mirabeau, le déclencheur de la Révolution Française. 

Sa légende ne fera que grandir au fil des siècles :  d’abord grâce à Alexandre Dumas, auteur du Collier de la Reine (1850) et à Maurice Leblanc, bien sûr, qui s’en inspira à son tour pour les aventures d’Arsène Lupin (1906) puis au cinéma dans plusieurs adaptations de leurs œuvres : deux films français (en 1929 et 1945) et récemment à Hollywood, L’affaire du collier de la Reine, avec Hilary Swank (2001). Pour en admirer tous les feux, même faux (!), en vrai, il nous en reste trois reproductions : à Versailles, au château de Breteuil, en région parisienne et en Suisse, chez les descendants de Paul Bassenge. Sinon, devant son petit écran, entre les mains de Lupin !