
Si l’on pense généralement que les bagues de fiançailles en diamant naturel ont gagné en popularité en 1947 grâce à la célèbre campagne marketing « A Diamond Is Forever » (Un diamant est éternel) de De Beers, l’histoire des bagues de fiançailles en diamant remonte en réalité à bien plus loin. En fait, elles se sont répandues bien avant le XXe siècle. Dès 1890, Tiffany & Co. a rendu les bagues de fiançailles en diamant accessibles aux couples américains grâce à des catalogues de vente par correspondance envoyés dans tout le pays, contribuant ainsi à populariser cette tradition. Dans les années 1920, à l’époque du cinéma muet hollywoodien, ces bagues apparaissaient fréquemment à l’écran, servant de symboles immédiatement reconnaissables de l’amour et de l’engagement. Mais cette coutume remonte à bien plus loin, les bagues en diamant étant portées régulièrement depuis des siècles.
Les origines des bagues de fiançailles en diamant remontent encore plus loin. Dès le début, au XVe siècle (personne ne sait exactement quand), les bagues en diamant sont passées d’un symbole de statut social porté principalement par les hommes, un concept qui trouve ses racines dans l’Antiquité, à des bagues de fiançailles offertes aux femmes et, dans certains cas, aux hommes. Les preuves de cette évolution proviennent de peintures, de documents historiques et de rares bijoux qui ont survécu. Autrefois, les bagues de fiançailles étaient appelées bagues de mariage ou alliances, mais leur signification restait la même. Dès le début, l’accent a toujours été mis sur le diamant.
À la Renaissance, les diamants des bagues de fiançailles symbolisaient l’amour éternel et la solidité d’une relation. Rare et précieuse, cette pierre traduisait également l’importance d’un couple puissant. L’une des premières représentations de bagues de fiançailles en diamant peut être admirée dans A Goldsmith in His Shop (1449), un chef-d’œuvre de la Renaissance nordique réalisé par Petrus Christus. Le tableau représente un couple achetant des alliances en or, alors traditionnelles, tandis que sur une étagère à proximité, on aperçoit une boîte contenant des bagues ornées de diamants taillés en pointe. À l’époque, les diamants étaient peints en noir dans les œuvres d’art, car leur forme pyramidale ne reflétait pas beaucoup la lumière, contrairement aux pierres précieuses facettées apparues plus tard. Ces premiers diamants étaient prisés pour leur symétrie, leur surface miroitante et leur dureté extraordinaire.
L’une des premières bagues de fiançailles en diamant documentées et associées à un couple spécifique a été offerte par Costanzo Sforza, seigneur de Pesaro, à Camilla d’Aragona de Naples en mai 1475. Sforza, issu de l’une des familles régnantes les plus puissantes d’Italie, lui a offert une bague sertie d’un diamant taille pointe, qui a ensuite été illustrée dans un manuscrit relatant leur mariage de quatre jours près de la mer Adriatique. Un poème lu pendant les noces proclamait : « Deux volontés, deux cœurs, deux passions sont unis dans un seul mariage par un diamant. »


En 1477, l’archiduc Maximilien d’Autriche offrit à Marie de Bourgogne la bague de fiançailles en diamant représentée dans un portrait de Niklas Reiser. Ce tableau a conduit les gens à croire à tort qu’il s’agissait de la première bague de fiançailles en diamant de l’histoire. Ce n’était pas le cas, mais une véritable histoire d’amour entre les deux amants est racontée dans les lettres écrites par le jeune archiduc.
Cette correspondance fut l’un des moyens qu’il utilisa pour conquérir le cœur de Marie, qui avait hérité des vastes terres de Bourgogne à la mort de son père, Charles le Téméraire. Lorsque le moment fut venu de faire sa demande, Maximilien la demanda en mariage avec une bague en diamant. Bien que l’archiduc fût clairement un romantique, c’est un conseiller qui lui suggéra l’idée du bijou dans un message détaillé qui disait : « Lors des fiançailles, Votre Grâce doit avoir une bague sertie d’un diamant et également une bague en or. »
Cette déclaration a conduit George Frederick Kunz, gemmologue réputé chez Tiffany, à conclure dans son ouvrage publié en 1917, Rings for the Finger: From the Earliest Known Time to the Present (Les bagues pour les doigts : des origines à nos jours) : « L’utilisation d’une bague en diamant pour les fiançailles semble avoir été courante vers la fin du XVe siècle, du moins pour les personnalités royales, à en juger par une lettre écrite à Gand le 30 juillet 1477 par le Dr Wilhelm Moroltinger. »
En d’autres termes, le Dr Moroltinger, conseiller de Maximilien, n’était pas le premier à suggérer une bague en diamant pour une demande en mariage, car cette pratique était déjà courante parmi les élites.
Le portrait de Marie peint par Reiser, quelques décennies après sa mort à l’âge de 25 ans dans un accident d’équitation, montre le solitaire en diamant à sa main droite. Les bagues de fiançailles étaient habituellement portées au deuxième ou au troisième doigt de la main droite ou gauche, car on croyait que l’un ou les deux doigts contenaient des veines — vena amoris (veine de l’amour) — qui étaient reliées au cœur.
Cette tradition remonte à la Rome antique et à l’Égypte. Les Romains et les Égyptiens de l’Antiquité portaient de simples alliances, bien avant que le système circulatoire ne soit pleinement connu. Bien qu’il n’existe en réalité aucune veine de ce type, le port d’une bague de fiançailles au troisième doigt de la main gauche (souvent appelé annulaire) reste une tradition immuable pour de nombreuses mariées.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les bagues gimmel, portées depuis des centaines d’années, sont devenues un modèle de bague de fiançailles très populaire. Conçues sous différentes formes, certaines arboraient un diamant taille pointe et un motif « fede » (deux mains jointes symbolisant l’union du mariage). D’autres modèles incorporaient un diamant taille table et un rubis, représentant l’engagement et la passion.
Ces bagues étaient composées de deux, voire parfois trois anneaux entrelacés qui s’emboîtaient pour former une bague puzzle. Des messages romantiques gravés à l’intérieur des anneaux n’étaient visibles que lorsque la bague était ouverte. Une phrase qui apparaissait régulièrement sur les bagues gimmel provenait de la cérémonie de mariage : « Ce que Dieu a uni, aucun homme ne peut le séparer. »
Lorsqu’un couple se fiançait, les bagues étaient séparées, le marié portant une moitié et la mariée l’autre. Dans les modèles comprenant une troisième bague, on pense qu’elle était portée par un témoin du mariage avant la cérémonie. Pendant la cérémonie, le marié réunissait les bagues et les plaçait au doigt de la mariée, symbolisant ainsi leur union.


Des femmes célèbres, d’Elizabeth Barrett Browning à Elizabeth Taylor en passant par Taylor Swift et Zendaya, influencent depuis longtemps les tendances en matière de bagues de fiançailles. Certaines bagues inspirent des générations de couples, tandis que d’autres redéfinissent le design même des bijoux. Il est intéressant de noter que la bague de fiançailles n’a jamais fait officiellement partie de la cérémonie de mariage. Cet honneur revient à l’alliance, traditionnellement échangée avec les mots « Je te prends pour épouse ». La bague de fiançailles est plutôt un symbole de promesse et d’intention, souvent accompagnée de la question sincère « Veux-tu m’épouser ? ». Même si elle est parfois choisie après la demande en mariage, sa signification reste inchangée : elle incarne le rêve d’un avenir commun.
Un détail qui n’a jamais changé est la tendance des nouveaux fiancés à montrer subtilement (ou pas si subtilement) leurs bagues. La manière dont cette tradition se manifeste est illustrée tout au long des pages de ce livre. Si chaque histoire d’amour est unique, une vérité demeure : la bague de fiançailles en diamant est l’un des symboles d’amour les plus immuables de l’histoire de la joaillerie.



